Lundi 6 janvier 2025
Dans un coin douillet de la ville, une succursale de la bibliothèque publique d’Ottawa a fait découvrir à Nya un monde de possibilités. Chaque page qu’elle tournait transformait son avenir. Maintenant, écoutons son histoire dans ses propres mots.
Amis lecteurs,
Comme bien d’autres personnes, la bibliothèque était pour moi une deuxième maison en grandissant. Je m’appelle Nya et je fais un stage de six semaines à la BPO dans le cadre du programme L’avenir Jeunesse. Ma génération parle souvent de tiers-lieux, et mon stage m’a fait réaliser que si les bibliothèques sont sans doute les seuls tiers-lieux gratuitement accessibles à la population, pour moi, elles sont un véritable deuxième chez-moi.
C’est ma passion pour la lecture qui m’a mené à la bibliothèque. À 12 ans, j’avais une carte de bus gratuite pour me rendre à l’école. Les élèves allaient souvent au centre commercial Carlingwood après les cours et c’est comme ça que j’ai découvert la succursale Carlingwood. M’y rendre était pour moi une façon de fuir la réalité et de plonger dans de nouveaux mondes. En tant qu’aînée d’une famille africaine, je pouvais exister sans me préoccuper de mes responsabilités à la maison.
Au fil des ans, mes raisons de fréquenter la bibliothèque ont changé. En 2022, j’ai commencé à suivre des cours en ligne parce que je n’avais pas assez de crédits pour obtenir mon diplôme, contrairement au reste de mes amis, mais le problème, c’est que je n’avais rien pour faire mes travaux. Je n’avais pas les moyens de remplacer mon téléphone brisé, et je n’avais pas d’ordinateur à la maison. Sans carte PRESTO gratuite pour me rendre à l’établissement donnant les cours – un trajet d’environ deux heures –, c’était compliqué d’utiliser les Chromebook fournis aux élèves sur place. Mais à 30 minutes de marche se trouvait la succursale Carlingwood. Je m’y rendais donc chaque jour où elle était ouverte pour emprunter un Chromebook pendant quelques heures pour faire mes travaux. Lorsque j’ai pu m’acheter un ordinateur portable, j’ai continué d’aller à la succursale pour faire mes travaux, par habitude, certes, mais aussi par nécessité. On avait Internet à la maison, mais si je voulais travailler sur mon portable, je n’avais nulle part où m’asseoir, sauf le divan. C’est bizarre de penser qu’une élève du secondaire puisse n’avoir besoin que d’une table et une chaise, mais à ce moment, seule la bibliothèque pouvait m’offrir ces choses simples.
La bibliothèque a aussi été le théâtre de beaucoup d’autres événements dans ma vie : c’est là que j’ai imprimé mon premier CV, que j’ai assisté à mon premier cours de peinture et que j’ai eu maints échanges très intéressants avec des étrangers. C’est aussi là que j’ai fait ma première entrevue et c’est maintenant là que j’occupe mon premier emploi rémunéré. La bibliothèque, c’est un endroit où fuir la réalité, où emprunter gratuitement des livres, où faire mes travaux scolaires, où me divertir, où me réfugier et où échanger au quotidien. Pendant mon adolescence, elle a su répondre à mes différents besoins du moment. Il est vrai que ma passion pour la lecture m’a attirée à la bibliothèque, mais j’y suis restée pour beaucoup d’autres raisons.
Commentaires
Hi Nya
Three cheers for third spaces!